Il était connu en France pour avoir dessiné des bâtiments et des quartiers monumentaux… L’architecte espagnol Ricardo Bofill est mort ce 14 janvier de complications liées au Covid-19, il avait 82 ans.
Mégalomane, rebelle et utopique : Ricardo Bofill avait une vision grandiose de l’architecture. En France, son nom est associé à des lieux qui étonnent toujours 40 ans après, comme le quartier Antigone à Montpellier, les arcades du lac à Saint-Quentin-en-Yvelines, les places de Catalogne et de Séoul à Paris, et le plus connu sans doute, les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand…
Inspiré par sa culture latine où les gens vivent dans la rue, il a souhaité révolutionner les HLM et rompre avec la monotonie des barres et des cités-dortoirs. « Il s’agissait d’apporter de la vie et de la beauté dans ces quartiers. » disait-il. Il développe alors de nouveaux quartiers urbains en France, principalement des projets de logements sociaux basés sur une philosophie utopiste. Pour l’architecte, l’argent ne doit pas être un critère pour disposer d’une habitation impressionnante. Son projet était « d’offrir un palais à tout le monde ».
Son projet était politique, et lui-même se disait architecte de gauche. Né en 1939 à Barcelone, Ricardo Bofill est renvoyé de son école d’architecture pour anti-franquisme. Il fait partie avec d’autres jeunes intellectuels (architectes, ingénieurs, écrivains, cinéastes, sociologues et philosophes) d’un groupe baptisé la « Gauche divine » et crée en 1963 son atelier d’architecture. Rapidement, il associe le béton à des références antiques : des colonnes, des statues, des corniches, des moulures, etc.
La mixité sociale envisagée n’a, hélas, jamais vu le jour. Fait docteur honoris causa par l’Université polytechnique de Catalogne en septembre dernier, Bofill avait alors souligné que «face au modèle de ville-dortoir», il avait fait «le pari de créer des quartiers avec des fonctions mêlées, mais toujours en défendant la continuité urbaine, la rue et la place» comme lieu de vie sociale. Des projets nés du crayons de Ricardo Bofill, il reste ces mastodontes élancés et toujours admirés : en 2015, les surréalistes espaces d’Abraxas de Noisy-le-Grand, en banlieue parisienne, construits en 1982, ont servi de décor au tournage de ‘Hunger Games’ avec Jennifer Lawrence.